Frédérique Lemarchand est une romantique
égarée au 21ème siècle, ses longs cheveux blonds, ses tenues corsetées
laissant deviner sa beauté et certaines de ses oeuvres rappelant les lavis de
Victor Hugo en sont les signes les plus apparents, tout comme son amour de la
littérature, totalement démodé en ces temps où l’on fustige La Princesse de Clèves au sommet de
l’Etat. De son enfance à la Jonchère, dans les Monts d’Ambazac, elle a conservé
une fausse ingénuité de jeune femme sauvage et l’amour des chevaux hérité de
son grand-père – un goût renforcé par les spectacles de Bartabas. Qu’elle
peigne amazones et belles montures n’a donc rien d’étonnant, le cheval étant presque
un « motif obligé » pour certains peintres, poètes et
écrivains ; que l’on se souvienne par exemple de Géricault, Goya, ou du
magnifique Cheval effrayé sortant de
l'eau de Delacroix. Frédérique Lemarchand a d’ailleurs travaillé avec le
peintre chinois Cao Bei-An, disciple de grands artistes et calligraphes, qui
ont eux-mêmes souvent dessiné les chevaux à l’encre de Chine. Elle a fait sien
le proverbe arabe qui affirme que « l’air du paradis est celui qui souffle
entre les oreilles d’un cheval. » Tout l’été 2009, ses grandes toiles sont
exposées à Ambazac, petite ville liée au cheval puisqu’elle accueille depuis
plusieurs années, au domaine du Petit Muret, un magnifique centre équestre. Peut-être
les lieux sont-ils encore imprégnés du souvenir de saint Etienne de Muret qui
établit ici un ermitage, dans les temps anciens où l’homme et le cheval
vivaient en parfaite harmonie ?
Frédérique
Lemarchand a eu l’idée d’un vernissage en mouvement pour ses oeuvres et conçu
avec deux cavaliers et une cavalière une performance au coeur du manège. Au
centre de la piste sableuse, une grande toile qu’elle peint devant le public,
en musique, en action, en dansant. De temps à autre, l’un de ses autres
tableaux, suspendus dans ce que l’on croirait être d’antiques cieux, s’illumine :
cheval, cheval, cheval toujours. En noir et blanc. Tout en force et en finesse.
Pégase n’est pas loin, s’envolant par-delà nos pesanteurs. Au fur et à mesure
que l’artiste peint avec fougue et virtuosité, fine silhouette contemplée de
dos comme une ombre créatrice, des tableaux vivants ponctuent l’espace :
amazone coiffée jouant de la flûte ou éventant un cheval ; possible
tournoi ; réminiscence de Don Quichotte ; et bien d’autres choses
encore, comme sorties de l’imagination de Frédérique Lemarchand, véritable
projection de son inspiration. Dans la semi pénombre, des couleurs chaudes,
comme des touches de peinture. Du rouge. A la fin, un grand et beau cheval bien
vivant viendra masquer la toile achevée, comme pour s’y confondre.
Toujours,
on aime l’invitation au voyage de
cette artiste envoûtante.
Dimanche 7 juin 2009
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