Que les Etats qui composent l’Union
Européenne aient besoin de langues officielles, dont le choix est le fruit de
leur histoire, ne fait aujourd’hui aucun doute. Que l’anglais soit devenu la
langue internationale de l’Europe non plus. Néanmoins, il ne devrait faire non
plus aucun doute que l’Union Européenne, dont l’une des richesses est sa
diversité culturelle (qui d’ailleurs favorise le tourisme, notamment vers la France), dispose d’une
variété de langues dites régionales,
jadis ou encore parlées par les peuples qui la composent. C’est dans ces
langues qu’ont d’ailleurs été écrits quelques-uns des chefs-d’œuvre de la
littérature européennes. Ainsi de la poésie courtoise médiévale, « inventée »
par les troubadours occitans, et singulièrement limousins, comme Bernard de
Ventadour ; ainsi des œuvres catalanes de Ramon Llul ou de la Renaixença romantique catalane ; ainsi du Barzaz Breiz breton ; ou encore de
la tradition poétique galloise des Cynfeirdd.
Il ne s’agit ici que de quelques exemples parmi de multiples autres. Enseigner
ces langues, les traduire, encourager la création dans celles-ci est une
nécessité pour la préservation de la culture européenne, tout autant que la
sauvegarde des langues dites nationales. Sinon, le linguiste Claude Hagège
parle de linguicide – celui-ci aboutissant
toujours à l’appauvrissement d’une culture, d’une civilisation.
En
1992, La Charte européenne des langues régionales ou
minoritaires fut adoptée avec la convention européenne (ETS 148), sous
les auspices du Conseil de l’Europe, pour protéger et pour favoriser les langues
historiques régionales et les langues des minorités en Europe. 24 Etats l’ont ratifiée. 9 ne l’ont pas
fait – dont la France,
sans doute par vieux réflexe jacobin.
Mais qui peut sérieusement penser aujourd’hui que l’enseignement et l’usage de
l’occitan, du corse, du breton ou de l’alsacien menacerait la cohésion de ce
pays ? L’Allemagne est-elle moins forte parce que, depuis 1998, elle a reconnu
le Bas-allemand, le Danois, les langues frisonnes, le Romani et deux langues
sorabes ? Au contraire, on constate généralement une plus grande ouverture
d’esprit, culturelle – y compris dans l’apprentissage d’autres langues – de la
part des élèves recevant un enseignement dans l’une des langues dites
régionales. En 2009, 98% des élèves du lycée diwan de Carhaix (Bretagne) ont
obtenu leur baccalauréat et en 2010, Le
Figaro l’a classé « deuxième lycée de France » parmi 1930
établissements. Il semblerait d’ailleurs nécessaire qu’une réflexion et des
mesures soient entreprises pour que cet enseignement puisse se faire au sein
des Educations Nationales.
Par
ailleurs, sur le plan du bien-être des peuples, on peut supposer que s’ancrer
dans une tradition culturelle tout en ouvrant sur l’universalisme (suivant par
exemple en cela le parcours artistique du chanteur et musicien Alan Stivell)
est un moyen judicieux et pacifique de mieux vivre la poursuite de la
construction européenne et la mondialisation qui parfois abolit les repères.
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