Le 25 mars aura lieu à la Bibliothèque Francophone Multimédia de Limoges le vernissage de la première exposition d’envergure consacrée à l’écrivain en ses terres[1] : une exposition où sera présent celui qui avait adapté Le Pain noir pour la télévision : Serge Moati.
Il était
temps ! En 2014, l’écrivain et le poète de grand talent aura… cent
ans ! Grand temps, donc, pour que sa ville natale lui rende un vrai et
grand hommage. En 2001, dans un essai
que j’avais intitulé Plaidoyer pour un
limogeage, je m’étais demandé : « Comment
le pays qui a vu naître la poésie lyrique a-t-il pu oublier et mépriser à ce
point ses poètes contemporains, Clancier, exilé à Paris, plus connu pour son Pain
noir que pour ses poèmes, Rouffanche,
Prix Mallarmé salué par les plus grands… » – j’y ajoutai alors
Marcelle Delpastre, Lacouchie, Thuillat, Blot et Courtaud (aujourd’hui disparu).
Certes, en 2005, le Centre régional du livre en Limousin lui avait organisé une
belle « Carte blanche » en ses terres, mais rien de marquant à
Limoges, et singulièrement à la
Bibliothèque qui avait pourtant, dès son ouverture, rendu
hommage à l’éditeur limousin de Clancier : René Rougerie.
Pourtant,
à la fois dans son œuvre littéraire et poétique, Georges-Emmanuel Clancier est
sans doute celui qui – héritier de la poésie lyrique limousine médiévale – a le
mieux chanté le Limousin et Limoges. Une poésie ancrée en partie dans une terre
âpre et belle, mais une poésie ouverte sur l’universel (en cela, il est rejoint
par l’autre grand poète limousin du XXème siècle, Prix Mallarmé : Joseph
Rouffanche, également publié par René Rougerie). Plus que Le pain noir, saga familiale, sociale et politique, adapté en
téléfilm en 1974, c’est bien cette poésie (publiée chez Gallimard), qui tente
d’exprimer au mieux l’indicible du Limousin, son univers minéral et végétal,
son héritage à la fois paysan et ouvrier (la porcelaine…), ses blessures
(Oradour) – univers auquel vient bien sûr s’ajouter le reste du monde, le chant
de la femme, et le travail sur « l’ardente mélancolie ».
Clancier,
dernière figure de la littérature de
Résistance, ancien membre du Comité de la revue Fontaine qui, de 1942 à 1944, recueillit et transmit clandestinement
à Alger les textes des écrivains de la Résistance en France occupée. Permanence
limousine de la poésie, permanence limousine du Refus des injustices. Limousin,
« pays de douceur et de majesté» pour
Clancier, parti vivre, travailler et écrire à Paris. Le 8 novembre 2003,
Clancier avait rendu hommage à sa ville dans Libération, en écrivant « A la bonne occitanette » et la
même année, il m’avait fait la joie d’accompagner mon exposition de textes et
photographies sur la rue d’enfance que nous avons en partage à Limoges, à
quelques décennies d’intervalle : « Route d’Ambazac » pour lui,
« Rue Aristide Briand » pour moi, longée par les voies du chemin de
fer qui a contribué aussi, avec sa gare des Bénédictins et ses cheminots, à
forger l’identité de la ville, « plurielle » selon lui.
Je
suggère aux édiles reconnaissants de prolonger l’hommage en donnant le nom de
Georges-Emmanuel Clancier à cette médiathèque qui va l’accueillir, afin de lui
conférer, pour reprendre le titre d’un autre de ses romans, L’éternité plus un jour.
[1] « Georges-Emmanuel
Clancier, passager du temps », du 26 mars au 11 mai 2013. Le jeudi
11 avril, de 9h à 18h (Salle de conférences) :
« Le Limousin et ses horizons dans l’œuvre
de Georges-Emmanuel Clancier ».
Journée d’étude organisée en partenariat avec l’Université de Limoges.
Journée d’étude organisée en partenariat avec l’Université de Limoges.
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