Parfois, peut-être parce qu’on la
connaît mal, on désespère de la jeunesse, de ses faiblesses orthographiques, de
sa passion démesurée pour les écrans, de son peu de goût pour la lecture et,
croit-on, pour la culture. Et pourtant, sous ces apparentes cendres couvent des
braises magnifiques et ardentes. C’est exactement ce que j’ai éprouvé en
assistant au spectacle proposé par les élèves de l’option danse du Lycée
Suzanne Valadon de Limoges – en partenariat avec les Centres culturels de la Ville de Limoges, scène
conventionnée pour la danse.
Trois
moments chorégraphiques, présentés par des professeurs d’E.P.S. - Danse très
investies dans le projet : Caroline Delage et Séverine Dalher, aidées par
des artistes associés : la chorégraphe Stéphanie Chêne, Ken Thué pour le
hip hop et Marie Orts. Trois moments qui interviennent tôt dans l’année – en
particulier pour les Secondes – puisque c’était fin novembre (une manière,
aussi, de souder le groupe). Trois moments plein d’énergie où se sont
distingués – comme c’est logique – les élèves de Terminale (le seul bémol
concernant la régie son parfois un peu approximative).
Au
cœur du spectacle donc, un ambitieux et très poétique travail autour du Sacre du Printemps – un siècle après sa
création) – de Stravinsky et Nijinski. Choix judicieux pour qui s’intéresse à
la danse, tant cette œuvre a inspiré de chorégraphes, les élèves se
rappropriant ici le travail de Nijinski (qui fit en partie scandale lors des
premières représentations), Béjart et Pina Bausch. Beaucoup de vigueur, de
grâce et de beauté dans cette chorégraphie qui privilégie l’adoration de la Nature au Sacrifice qui
constitue habituellement le deuxième tableau de la chorégraphie. C’est l’amour,
ici, qui l’emporte. D’abord l’amour de la Terre qu’épousent les corps en couronne, ensuite
l’amour du couple essentiel – Adam et Eve, pourquoi pas. Une humanité qui se
réinvente sensuellement sous nos yeux.
No futur !!! est une création
d’après Drop it du chorégraphe
franco-espagnol Franck2Louise (à l’origine danseur et DJ). La chorégraphie
associe les deux passions de l’artiste : univers littéraire de
science-fiction et break dance. Les élèves, revêtus de combinaisons de robots
(aux gestes saccadés, donc), restituent les gestes de machines avant d’entamer
la libération des corps et des esprits, avec notamment de très beaux et
énergiques solos féminins – bien entendu, un parcours reste à accomplir, mais
la volonté est là.
Regarde-moi rassemble tous les jeunes
danseurs sur le plateau et autour (pour les changements de costumes et un
play-back plein de charme) sur le thème du regard porté par le spectateur sur
l’artiste (et l’autre, de manière plus générale). Un univers inspiré du travail
de Pina Bausch où se mêlent théâtre et chorégraphies sur des musiques variées,
depuis la Leçon
de Ténèbres ou la chanson réaliste des années 1930 jusqu’aux rythmes
sud-américains les plus endiablés. C’est vivant, coloré, structuré avec
intelligence, et chacun s’applique quel que soit son niveau de pratique. Les
tableaux s’enchaînent associant l’ensemble du groupe, des duos, des groupes
plus restreints… la réflexion sur l’art, sur le mensonge aussi (avec la force
émouvante de Marine P.)… foulant les pétales rouges chers à la chorégraphe
allemande.
(Un
regret cependant que l’on ne saurait reprocher à quiconque : que seulement
deux garçons soient impliqués dans cette belle aventure…).
En
tout cas, un moment évocateur et réjouissant.
Samedi 29 novembre 2014
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